Réunion de 2023 du FMI-BM à Marrakech : appel aux prêts à taux 0% pour les pays surendettés, mésentente au sein de l'institution

Réunion de 2023 du FMI à Marrakech : appel aux prêts à taux 0% pour les pays surendettés, mésentente au sein de l'institution

Cette réunion du Fonds monétaire international (FMI) et de la Banque mondiale à Marrakech, au Maroc, aura été la bonne, après une première tentative en terre africaine en 2021, empêchée par le Covid, puis un autre report à cause du séisme faisant plus de 3.000 morts au Maroc. La dernière fois où l'Afrique a accueilli une pareille réunion du FMI, c'était à Nairobi, au Kenya, en 1973. 

Kristalina Georgieva (photo à la une), directrice générale du FMI en a fait un rappel : "La dernière fois que nous étions sur ce continent était en 1973, à Nairobi et quand vous lisez le compte-rendu des réunions de l'époque, on se rend compte qu'ils étaient remarquablement similaires au genre de problèmes auxquels nous sommes confrontés aujourd'hui".

A Marrakech, le FMI a soulevé plusieurs points à revoir sur l'institution elle-même, des points accompagnés par des mesures plutôt symboliques, englobées par un projet de réforme appelée à porter ses fruits dans l'équilibre des relations entre le FMI et les pays membres. 

Réforme plutôt symbolique, avec une portée à trop long terme 

Le FMI compte en effet créer un troisième siège pour les pays d'Afrique dans son conseil d'administration, ceci afin de mieux entendre les voix de ces pays, dont la plupart croulent sous le fardeau de la dette auprès des institutions et des pays créanciers.

La Banque mondiale, par la voix du Département américain du Trésor, est également favorable pour ce troisième siège africain, ce qui rendra la décision plus facile à prendre pour tous les membres pendant cette réunion annuelle de 2023 à Marrakach, qui a commencé le lundi 9 octobre.

Le second point, lié à cet élargissement de la présence africaine dans le conseil d'administration du FMI, est l'appel de Kristalina Georgieva aux pays membres sur l'étude de leur "capacité à prêter à taux zéro et à grande échelle. Beaucoup de pays sont sous un fardeau de dette et cela peut les écraser. Nous espérons que ces réunions permettront de reconstruire la confiance entre les pays, nous avons besoin les uns des autres". Marrake

En effet, ces pays fragiles, appuyés historiquement par le FMI et la Banque mondiale, sont fortement exposés aux conséquences sociales et économiques du Covid en 2020 et 2021, mais subissant également les effets du changement climatique. Provenant d'Afrique subsaharienne en grande majorité, ces pays passent par une autre crise, celle de la dette, un phénomène qui se traduit dans la réalité de leurs populations par le ralentissement de la lutte contre la pauvreté.

La Banque mondiale s'attend ainsi la confirmation d'un accord a minima de 50 milliards de dollars à débloquer

Mésentente des grands pays prêteurs au sein de la Banque mondiale

Le principal sujet de débat lors de cette réunion de Marrakech porte sur l'aide supplémentaire à fournir aux pays en difficulté, au financement climatique et à la difficile éradication de la pauvreté. Pourtant, face à ce sujet, les principaux prêteurs rechignent à débloquer davantage de fonds, jonglant avec la montée en puissance des prêteurs des pays émergents, comme la Chine et l'Inde, par ailleurs membres des BRICS, un groupement de financement alternatif aux institutions de Bretton Woods. 

La Chine et l'Inde pourraient en effet prendre davantage de poids face aux prêteurs occidentaux au sein de la Banque mondiale et du FMI, si leur conseils d'administration optent pour de nouveaux paquets de financement. En effet, les pays occidentaux sont confrontés à un double problème, le premier endogène concernant à leurs dettes publiques qui ont explosé après le Covid, et exogène, pour ne pas dire géopolitique, avec la crise en Ukraine et la montée en puissance des BRICS sur tous les canaux des financements internationaux.

Si Ajay Banga, président de la Banque mondiale, a obtenu l'appui de plusieurs pays membres pour un déblocage de 100 à 125 milliards de dollars supplémentaires pour les pays fragiles, ils sont peu nombreux à croire à l'adoption d'une telle décision à Marrakech. Il est également difficile de voir dans les années à venir une restructuration du capital du Groupe Banque Mondiale au vu de cette mésentente entre ses puissants membres. 

La Banque mondiale s'attend ainsi la confirmation d'un accord a minima de 50 milliards de dollars à débloquer sur les dix prochaines années pour les pays les plus endettés. 

Tout ceci rappelle l'effort parallèle des pays membres des BRICS récemment en Afrique du Sud, beaucoup plus rapide sur la question, en ayant accordé des financements à taux zéro pour les pays surendettés, avec les monnaies locales de ses membres. 

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