L’Agence internationale de l’énergie (AIE) a enregistré une hausse de la recette du pétrole faite par la Russie au mois de septembre 2023. Ce pays a encaissé 18,8 milliards de dollars de revenus pétroliers sur le mois indiqué, à 1,8 milliards de dollars de plus que le mois d'août. Ce niveau de recette est le plus haut enregistré par la Russie, validée par l'AIE dans son rapport mensuel sur le marché du pétrole, depuis juillet 2022.
Au même moment que la publication de ce rapport de l'AIE, une autre institution internationale, la Banque européenne pour la reconstruction et le développement (BERD) constate également une embellie de l'économie russe, avec une prévision de croissance 1,5% du PIB de la Russie sur l'année 2023. Ce constat du la BERD va dans le sens contraire de ce qui a été attendu par la plupart des pays du G7 et de l'Union européenne en mars 2022, à savoir l'effondrement de l'économie russe avec les sanctions prises par l'Union européenne et le G7 contre la Russie suite à son agression sur le territoire de l'Ukraine en février 2022.
Pour rappel, les sanctions prises contre la Russie portent sur le pétrole brut et le raffiné. La pression principale concerne le plafonnement du prix du pétrole russe à l'exportation pour un prix égal ou inférieur à 60 dollars. L'objectif de ce plafonnement est de réduire les recettes pétrolières, tout en gardant la possibilité que la Russie continue à exporter son pétrole pour éviter une hausse brutale des cours pétroliers mondiaux.
Des sanctions sur le pétrole provenant de Russie contournées grâce à l'Inde et à l'Arabie Saoudite
La prévision de croissance publiée par l'AIE s'explique par la tendance à la hausse constante des revenus mensuels de la Russie sur le pétrole, illustrant sa capacité à faire face aux sanctions qui lui ont été imposées depuis 2022. Mais contre toute attente, Moscou, non membre de l'OPEP, a décidé d'augmenter son exportation pétrolière de 460.000 barils par jour, dont 250.000 baril de brut par jour, pour atteindre 7,6 millions de barils par jour. Le pétrole brut constitue la majorité des exportations pétrolières de la Russie, ayant contribué à cette augmentation du revenu pétrolier par mois, en hausse de 24% entre le mois d'août et de septembre de cette année.
Parmi les acheteurs du pétrole provenant de Russie, depuis plus d'un an, l'Inde est devenu le plus gros sur le brut, livré des réserves de la Russie par la mer. En août 2023, le pétrole russe, produit par Rosneft, a été livré en Inde à 86 dollars le baril, contre 94 dollars en août 2022, selon des dernières données du site Internet du ministère indien du Commerce. Ensuite le pétrole russe raffiné par des compagnies indiennes, comme la compagnie d'Etat BPCL, est revendu en Europe, bien sûr à un prix du baril plus élevé.
Auparavant, l'Inde n'achetait pas du pétrole à la Russie à cause de son prix élevé par rapport aux autres offres. Actuellement, le prix moyen du pétrole brut russe atteint les 81,80 dollar le baril en septembre, en hausse de 8 dollars par baril, ce qui constitue un bénéfice conséquent pour tous les opérateurs présents sur la filière indienne.
L'Inde n'est pas un pays soumis au respect des sanctions occidentales contre la Russie, et particulièrement au plafonnement qui impose d'acheter le pétrole russe à 60 dollars le baril au maximum. Mais l'énorme demande locale en Inde combinée à la volonté du pays d'appuyer les raffineurs locaux pour la revente de pétrole raffiné, plus cher, ont poussé l'Inde à acheter le pétrole provenant de la Russie depuis 2022, un volume alimentant 80% des besoins du pays.
En outre, les pays membres de l'OPEP, sous l'influence de l'Arabie Saoudite, ont décidé de réduire leur production de pétrole brut de 1 million de barils par jour à partir du mois de mai 2023, suivi d'une autre réduction de 2 millions de barils par jour ce mois d'octobre. Ces décisions ont fait grimper le prix du baril de brut sur le marché mondial, sur un niveau au-dessus des 80 dollars qui risque de durer, comme la crise en Ukraine, mais également avec la tension accrue sur le conflit israélo-palestinien engageant en toile de fond un autre pays, l'Iran, un producteur de pétrole frappé par des sanctions occidentales mais qui s'est rapproché de l'Arabie Saoudite, un rapprochement orchestré par la Chine.
Au final, on peut observer une convergence de tous ces acteurs dans un regroupement formalisé, le bloc des BRICS, où l'objectif est le même : maîtriser les flux économiques mondiaux, y compris celui du pétrole, anciennement chasse gardée exclusive des Etats-Unis et des pays du golfe.
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