Sherpa à l'assaut de la « lessiveuse africaine » de la BNP-Paribas

par Nicolas Marmié, Journal de l'Economie, documents scannés : Huffington Post

L'association contre les crimes économiques Sherpa va se constituer partie-civile dans l'affaire de « la lessiveuse africaine", impliquant une filiale monégasque de BNP-Paribas.
 « Ce n'est qu'une question de semaines » a déclaré au Journaldeleconomie.com Sophia Lakhdar, directrice de l'association anti-corruption.
Cette décision fait suite à l'ouverture d'une enquête pénale pour blanchiment, complicité de blanchiment, recel de blanchiment et omissions de déclarations de soupçons ordonnée le 19 février par le procureur monégasque Jean-Pierre Dréno. La justice du Rocher va chercher à cerner les responsabilités pénales d'un tentaculaire réseau de fraude à l'impôt et à la douane concernant une vingtaine de pays africains.
Plusieurs centaines de millions d'euros auraient été ainsi changés par des intermédiaires locaux avant d'atterrir à la BNP Paribas Wealth Management de Monaco sa filiale monégasque. Ces sommes faramineuses proviennent de chèques en euros libellés par des ressortissants français en déplacement en Afrique et désireux de changer leurs devises en monnaie locale. Gabon, Burkina Faso, Sénégal mais aussi Madagascar sont les pays identifiés dans lesquels cette pratique avait prospéré entre 2008 et 2011.
C'est un audit interne de la BNP qui avait mis en exergue l'origine douteuse des fonds recueillis. En infraction totale de la législation sur le contrôle de change et la fiscalité, ces chèques sans ordres collectés par des particuliers ou des commerçants étaient remis, moyennant commission, à des intermédiaires eux-mêmes bénéficiaires ou en relation directe avec des titulaires de comptes à la BNP Monaco. “Cette problématique a donné lieu à une mission d'inspection interne et à un plan d'action correctif en 2011. Suite à cela, il a été mis fin aux pratiques concernées en 2011 et 2012. À ce jour, tous les flux ont été stoppés et les comptes concernés sont clos, ou en cours de clôture, et nos procédures en la matière ont été renforcées” a réagi la BNP-Paribas en reconnaissant que sa filiale monégasque aurait du être « plus diligente » dans sa procédure de contrôle de l'origine des fonds versés. « Il aurait fallu être plus vigilant » a publiquement admis Jean-Laurent Bonnafé, directeur général de PNB-Paribas. L'identité des bénéficiaires de cette fraude continentale, mais surtout l'origine de leurs revenus, seront au centre de l'enquête judiciaire monégasque. L'ampleur de ce trafic de change pourrait en effet cacher une entreprise concertée de blanchiment d'argent liée à des activités délictuelles ou criminelles. L'ouverture de cette enquête intervient alors que BNP-Paribas vient d'annoncer des résultats lestés par une provision de plus d'un milliard de dollars pour régler des pénalités à l'administration américaine. Cette amende, dont le montant est encore au stade de la négociation, est liée à des opérations commerciales libellées en dollars avec des pays, comme l'Iran, frappés d'embargo par Washington.
N.M.

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