Madagascar peut être plus performant en s'ouvrant plus vers l'extérieur. Le volume d'échange est trop limité par rapport aux pays membres des communautés où Madagascar est présent et avec qui il traite sur le plan commercial comme la Comesa, la Sadc et la COI.
par Tsirisoa RakotondravoavyL'African Economic Outlook (Perspective économique africaine) a publié un rapport sur l'état des relations commerciales de Madagascar avec l'étranger. Ce rapport fait état de l'étroitesse du volume d'échanges par rapport au potentiel réel de l'économie malgache, malgré sa pauvreté et son taux d'inalphabétisation à 27%. Les relations commerciales extérieures dépendent beaucoup de l'intégration de chaque pays dans les groupements régionaux qui ont su créer des leviers de facilitation sur les échanges entre les pays membres. Madagascar a commencé à s'ouvrir au commerce international au milieu des années 1980, notamment en 1984 où il a intégré la Commission de l'Océan Indien dans laquelle ses partenaires commerciaux sont l'île de la Réunion et Maurice, les Seychelles et les Comores. Il a fallu attendre 1995 pour que Madagascar n'intègre une autre communauté économique qui est le Marché Commun de l'Afrique Orientale et Australe (COMESA - Common Market for Eastern and Southern Africa), et dix ans après en 2005 à la Communauté de Développement de l'Afrique Australe (SADC - Southern African Development Community) en ratifiant en août 2008 la rentrée dans sa zone de libre échange (ZLE).
L'African Economic Outlook rappelle que Madagascar est placé 142è sur 185 dans le classement Doing Business 2013 par la Banque Mondiale. La Grande Île a perdu 4 places par rapport à 2012 mais le point positif intéressant à retenir est son rang sur la facilité de création d'entreprises qui est passé de 19è à 17è sur 185 pays. Le rapport évoque que Madagascar peut être plus performant en s'ouvrant plus vers l'extérieur. Le volume d'échange est trop limité par rapport aux pays membres des communautés où Madagascar est présent et avec qui il traite sur le plan commercial. En 2010, la COMESA a absorbé 4,6% de l'exportation malgache, la SADC 5,85% et la COI 3,33%. Pour l'importation, la COMESA a une part de 5,21%, la SADC de 11,04% et la COI de 3,22%. Le reste des échanges se fait encore avec les partenaires commerciaux traditionnels en importations et exportations : l'Union Européenne (UE), le Japon, récemment la Chine, et les Etats-Unis sans l'AGOA (African Growth Opportunity Act). La totalité du volume d'échanges avec l'UE se chiffre à 36% des transactions commerciales à Madagascar. Les importations de biens sont chiffrés à 2,5 milliards de dollars contre les exportations à 2,9 milliards de dollars. Dans les services, les importations sont à 936 millions de dollars contre 980 millions de dollars en exportations (Source : OMC 2010). Le commerce extérieur constitue 63% du PIB (Source : Banque Mondiale, 2011). Madagascar a su adapter à sa situation politique incertaine quelques modalités et mener une politique d'austérité sévère en 2011 malgré l'inconstitutionnalité de son gouvernement. Les bailleurs de fonds et les partenaires commerciaux de Madagascar ont maintenu quelques projets financés sans les grandes infrastructures. Le gouvernement malgache a pu améliorer ses rapports avec l'extérieur avec la facilitation du commerce transfrontalier, grâce à une meilleure communication et une coordination entre les opérateurs douaniers et portuaires : les opérations douanières se passent en trois jours contre sept en 2010.
Le solde courant de Madagascar s'est amélioré en 2011 car le déficit de Madagascar était à 3,4% du PIB qui s'est contracté de 9,7%, grâce à une augmentation des exportations de 4,2% (16,1% du PIB) malgré la crise politique et institutionnelle. Le déficit devrait se stabiliser en 2012 à 4,4% du PIB et en 2013 à 4,7%. Les principales exportations provenant de Madagascar en 2011 étaient les produits alimentaires à 352,9 millions de dollars, les minerais à 198,4 millions de dollars, les crevettes à 66,7 millions de dollars. Le volume d'importation a baissé de 0,8% à 22,8% du PIB. Les principaux produits importés sont le riz (85,6 millions de dollars), les produits pétroliers (595,5 millions de dollars) à 7% du PIB, le sucre (78,2 millions de dollars) et des produits alimentaires (294,9 millions de dollars) à 3,4% du PIB. Les importations de biens d'équipement ont baissé de 39,6% et le ciment de 15,9%. Cette baisse est liée à l'entrée en phase de production des grands projets miniers comme Ambatovy et QMM, des gros consommateurs de biens d'équipements et de produits de BTP lors de leur phase de construction.
Le déficit commercial de Madagascar s'est ainsi amélioré en 2011 à 6,7% du PIB contre 12,3% en 2010. Selon les prévisions, il devrait se creuser en 2012 et 2013, année d'élection si cela se fait, avant de se stabiliser pour 2014 et 2015.
Le déficit des services s'est légèrement diminué en 2011 à 0,8% du PIB contre 1,1% en 2010. Ceci est expliqué par un regain d'activité sensible dans le transport et les services de voyage.
Les investissements directs étrangers ont baissé de 10% en 2011 à 438,7 millions de DTS (droits de tirage spéciaux) contre 486,6 millions de DTS en 2010. Les industries extractives continuent d'occuper les 80% des IDE, suivent les activités financières, la construction et la distribution pétrolière. En 2010, les trois premières provenances d'IDE sont le Canada (30,0%), le Japon (21,5%) et la Corée du Sud (20,6%). Ces trois pays sont partie prenante dans les projets miniers à Madagascar à l'exemple de l'actionnariat de Sherritt - Ambatovy où ils sont tous présents. Suivent les pays "traditionnels" comme la France (9,1%) et la Chine (7,6%).
Sur le secteur financier, on dénombre à Madagascar 11 banques, 7 établissements financiers et 29 institutions de micro-finance, dont 3 sont suspendues en attente de renouvellement licence. D'après l'African Economic Outlook, seules la BFV-Société Générale et la Bank of Africa sont bien établies sur l'ensemble du territoire malgache, le reste étant représenté seulement dans les grandes villes et à Antananarivo, la capitale. La Banque Centrale de Madagascar a le même taux d'intervention depuis août 2009 à 9,5%, et le taux moyen pondéré des bons du Trésor s'était stabilisé à 9,65% en juin 2011, s'il était à 9,6% en décembre 2010. La crise économique a affecté la qualité des portefeuilles des banques à Madagascar. Le niveau du capital risque est toujours faible mais avec une lente augmentation. Les créances douteuses et litigieuses ont augmenté à 13,8% des prêts bruts en juin 2011 contre 11,9% en 2010. Le taux de bancarisation de la population est toujours faible à 5% et 12% pour les institutions de micro-finance.
La croissance économique atteint 1,9 % en 2012, selon le FMI qui prévoit une embellie avec 2,6 % en 2013, sous réserve de risques politiques à cause des élections cette année. L’inflation demeure en dessous de la barre des 10 %, à 6,5 % en 2012 et 7 % prévu en 2013. A noter qu'au début de 2012, les prix des carburants à la pompe ont été relevés. Pour l’Etat, sur le premier trimestre, la facture pétrolière a gonflé de 37 % à 221 millions de dollars. Mais sur le premier trimestre 2012, selon les derniers chiffres disponibles à la Banque Centrale, la valeur des exportations a bondi de 32,4 % (+ 10,4 % début 2011) grâce aux bonnes performances des produits agricoles, des minerais et de certaines entreprises franches. Le nombre de touristes a progressé de 7,1 %.
Liste non-exhaustive des points forts de Madagascar sur le commerce mondial :
• Environ 3,6 millions de tonnes de riz : plus que le reste des pays de la SADC combinés et classé 3ème producteur en Afrique. La technique intensive malgache est maintenant répliquée dans le monde entier ;
• Plus d’1 million de tonnes de céréales et d’autres féculents : maïs, pomme de terre, manioc, légumineuses ;
• Fruits et légumes avec l'une des gammes les plus larges dans le monde : des fèves tempérées, en passant par les pommes/poires et les baies de fruits tropicaux jusqu’aux divers types de piments ;
• Des Litchis avec 70% de part de marché en Europe : 1er exportateur mondial de ce type de fruit ;
• 50% de la vanille du monde : 1er exportateur mondial d'épices et d'autres huiles essentielles ;
• Du café, du thé et du cacao de haut de gamme ;
• Une zone économique exclusive (ZEE) couvrant 115 millions ha et un vaste plateau continental d’environ 12 millions ha riche en ressources ichtyologiques (sciences qui étudient les animaux marins) ;
• 5.600 km de littoral, plus de 300.000 ha de mangroves dont 50.000 ha sont des tannes et 30.000 ha aménageables pour la culture de crevettes ;
• 160.000 ha de plans d’eau naturels favorables à la pisciculture en cage et/ou en enclos, jusqu’à 150.000 ha de rizières irriguées dont 34.000 ha propices à la rizipisciculture et 20.000 ha de surfaces à bonne maîtrise d’eau aménageables en étang ;
• Un potentiel halieutique et d’aquaculture de plus de 500.000 t/an dont 60% d’intérêt commercial ;
• Plus de 50% des algues utiles à l’homme se trouvent à Madagascar.
• Des minéraux industriels et métalliques : ilménite, graphite, calcaire, gypse, dolomie, silice, mica,
titane, quartz, or, platinoïde, argent, fer, cuivre, zinc, nickel, cobalt, chromite, …
• Des ressources énergétiques et stratégiques : charbon, hydrocarbure, uranium, …
• Des pierres précieuses et semi-précieuses : rubis, diamant, saphir, émeraude, aigue-marine, béryl,
tourmaline, topaze, grenat, cordiérite, quartz rose, améthyste, citrine, …
• Des pierres ornementales : marbre, bois silicifié, jaspe, …
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