Pierres précieuses : les géants du luxe et les sociétés minières créent une plateforme de responsabilité

Les leaders mondiaux du luxe et les grandes sociétés minières spécialisées dans les pierres précieuses ont décidé de créer une plateforme commune afin d'assainir le marché mondial et d'engager chaque entité dans le commerce durable et la production responsable. LVMH (Chaumet, Bulgari, ...) Kering (Boucheron), Richemont (Cartier, Van Cleef & Arpels), et les maisons indépendantes Swarowski et Chopard, se sont alliés à des sociétés présentes dans la production et le commerce de pierres précieuses comme Gemfields et Muzo dans cette initiative.

La plateforme dénommée "Gemstones and Jewellery" initiée par TDI Sustainability, un cabinet spécialisé dans le développement durable adossé au groupe de travail CGWG, sur la production de pierres précieuses colorées (émeraude, saphir, rubis). 

Ces pierres très recherchées par les riches clients des leaders mondiaux du luxe proviennent dans la majorité de pays en développement en Afrique, ou d'Asie. Les conditions d'extraction et de vente des pierres avant le travail final pour leur taille ne sont pas toujours contrôlées par les industriels et suscitent les critiques des ONG des Droits de l'Homme et du droit du travail.

L'exemple de Madagascar est édifiant sur les travailleurs dans les mines de saphir et d'émeraude. Le sud de la Grande Île est tristement célèbre avec des centaines de kilomètres de galeries souterraines exploitées par des familles entières, dont des enfants, pour fournir quelques grammes de saphir par jour à des intermédiaires asiatiques. Ces derniers inondent par la suite un système de commerce très opaque en Asie, notamment en Thaïlande et en Inde, où les pierres commencent seulement à rentrer dans un système de commerce plus ordonné.

Souvent, les places de marché de référence, comme la bourse d'Anvers, ignorent les conditions d'extraction de ces pierres qui finissent dans les stocks des géants du luxe.

"Un appairage de pierres de couleur est beaucoup plus compliqué à réaliser qu'un serti de diamants blancs. Il faut aller sur place pour se rendre compte, à Bangkok, à Hongkong, à Dehli, à Madagascar, il faut acheter des lots, il faut faire tailler des bruts. Pour avoir 24 pierres de la même teinte, cela représente des semaines de travail acharné", a expliqué Alexis Gros, gemmologue en chef de la maison Gemmyo.

La beauté d'une pierre précieuse ne dépend plus simplement de sa couleur, de sa taille, de sa clarté et de son carat, elle dépend également de son histoire et des conditions dans lesquelles elle a été extraite et transformée.  Ce n'est qu'à travers une collaboration comme au sein du CGWG que nous pourrons apporter un changement véritable et durable dans le secteur et ajouter une pierre à l'héritage de l'approvisionnement responsable en minerais", a affirmé Hélène Valade, directrice du développement environnemental chez LVMH.

Matthew Kilgarriff, directeur de la responsabilité sociale du groupe Kering a déclaré : "Nous croyons au pouvoir de la collaboration industrielle pour relever les défis de la chaîne d'approvisionnement responsable". Géraldine Vallejo, directrice du programme de développement durable du même groupe français a renchéri : "C'est merveilleux de voir comment les grandes marques de luxe et les sociétés minières de pierres précieuses unissent leurs forces dans le cadre du CGWG pour relever ces défis. La durabilité, plus que jamais, est inhérente au luxe".

 


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